Date: ven. 2 novembre 2007 21:54:03
Ah la la... de l'éternel problème du "conteur africain"... Votre sensibilité au respect de l'Autre vous honore, mais pourtant née d'un métissage Antilles/France, - arrière grands parents africains du côté de mon père-, je ne suis nullement choquée par cet intitulé. Il n'y a là pour moi aucun relent de colonialisme, et je porte cependant dans ma mémoire celle de l'esclavage, et je refuse le négationisme, comme la volonté d'oubli. J'avoue ne pas comprendre ; que souhaitez-vous précisément ? Que l'annonce précise "conteur Bambara", "conteur Dogon", "conteur Peul" ?
Qu'ils sont terribles tous ces épouvantails, ces clichés Banania et consort, alors que la demande de Pauline se situe dans la rencontre des cultures, sans à priori. Pourquoi en effet ne pas choisir un "messager" africain pour "entrer en contact de populations adultes migrantes d'Afrique sub-saharienne" ? Je ne vois là aucune incohérence, aucun irrespect.
Si un chorégraphe demande par annonce une "danseuse indienne", est-il dans un acte inconscient de racisme, ou dans l'énoncé clair d'une demande, celle d'une danseuse originaire d'Inde et pratiquant vraisemblablement les danses de son pays ?
"Utiliser les contes","s'en servir". Pour moi, c'est l'une de leurs fonctions principales, nous servir : nourrir notre imaginaire, transmettre d'anciens savoirs, donner à réfléchir, ouvrir notre regard sur le monde, initier aux rites de passage, enseigner les cycles de la vie. Ils sont aussi un Art à part entière, l'un des plus anciens peut-être ? L'Art et l'Utile vont parfois bien ensemble
Je ne crois pas que cela soit desservir le conte que de le choisir en fonction d'une thématique, et la base précieuse de Philippe a rendu de grands services à nombre d'entre nous.
A bien lire l'annonce de Pauline, elle ne demande nullement de "fabriquer" des contes, et elle a bien raison de penser que certains d'entre eux évoquent directement ou non la santé.
Par ailleurs,le public étant composé d'adultes, pourquoi proposer plutôt que des contes, -"des albums et des images à visée éducative"- ? Il n'est pas indiqué que ces personnes ne comprennent pas le français. Des images ? Comme à des petits enfants ?
Une autre remarque : Pauline est étudiante, sans doute plus jeune que nous ; est-ce une raison pour la tutoyer comme une enfant ? Certains pourraient s'en étonner, ne pas comprendre, taxer ce tutoiement de familiarité, et même, qui sait, de paternalisme.
Tout est décidémment question de regard. Ah...les risques de l'interprétation...
Ce message pourrait être plus long, il l'est assez. Je voulais juste quelques mots pour dire une autre sensibilité : Vive donc la rencontre des points de vue !
Nicole
Modifié 1 fois. Dernière modification le 02/11/07 22:33 par Nicole.