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Conte improvisé
Envoyé par: sacado (Adresse IP journalisée)
Date: Thu 29 July 2010 14:03:22

B'jour,

Je suis conteur amateur et aussi, à mes heures perdues, je fais du théâtre d'improvisation. Le lien entre les deux disciplines m'a rapidement frappé. Les conteurs ont tendance à improviser une bonne partie de leurs prestations, en ne sachant pas forcément au début d'un spectacle quelles histoires vont être racontées et en ne sachant pas non plus quels mots précisément utiliser pour telle ou telle histoire, seul le canevas de l'histoire étant connu et maîtrisé.

Mais j'aimerais bien aller plus loin et, un jour, pratiquer le conte totalement improvisé. C'est-à-dire, raconter une histoire comme ça, sur le vif, sans canevas préalable, sans savoir au début du spectacle de quoi je vais parler. Ca marche au théâtre (alors que c'est un art habituellement rigide au niveau du texte et des déplacements), alors pourquoi pas dans le conte ?

Vous connaissez des artistes qui improvisent / ont improvisé des histoires de cette façon ? Vous en pensez quoi ? Ca vous paraît faisable, utopique, idiot, intéressant, voué à l'échec, grisant, etc. ? Pourquoi ? Je suis sûr que votre expérience peut m'apporter matière à réflexion, alors j'attends vos avis avisés.

Re: Conte improvisé
Envoyé par: La conteuse du vent d'avril (Adresse IP journalisée)
Date: Thu 29 July 2010 21:42:57

Salut Sacado,

ça me paraît un peu voué à l'échec ton histoire de conte ou de spectacle improvisé. Car si on ne travaille pas l'histoire à l'avance, on fait forcément des blancs, parfois on cherche ses mots et ça ne peut pas prendre, ou pire, on hésite sur l'histoire qu'on va raconter et ça traîne...

Pour moi, l'idéal, c'est de maîtriser un max d'histoires, de façon sûre pour pouvoir "improviser" un spectacle de contes. On le fait déjà en quelque sorte en fonction du public qu'on a en face de soi.
Combien de fois m'est-il arrivé de me retrouver devant des enfants de 3 ou 4 ans en majorité, alors qu'à la base on m'avait demandé des contes tout public, plutôt réservés aux plus de 7 ans !!! J'ai dû adapter mes histoires en fonction du public à chaque fois. Mais franchement, rien ne s'improvisait. J'avais travaillé les deux contées pour avoir le choix au dernier moment au cas où...

Et c'est bien ça le hic... Les gens sont persuadés que les conteurs racontent leurs histoires en improvisant, un peu comme ils raconteraient un évènement qu'ils ont vécu la veille ou le matin même, avec la même facilité... C'est le bon conteur qui maitrîse correctement ses histoires qui peut donner cette illusion, mais il y a beaucoup de travail en amont. Un travail colossal dont les gens n'ont pas idée. Eux ils ne voient que l'histoire racontée avec une fluidité déconcertante... D'où le nombre incalculable de demande de bénévolat pour les conteurs...

Bref... tu l'auras compris, je n'aime pas trop l'idée du "spectacle improvisé"... smiling smiley

[laconteuseduventdavril.sitew.com]

Re: Conte improvisé
Envoyé par: sacado (Adresse IP journalisée)
Date: Fri 30 July 2010 01:40:12

Merci pour ta réponse. C'est vrai que je m'interroge pas mal là-dessus. Bon pour l'instant le problème du répertoire à servir différemment en fonction du public ne se pose pas trop pour moi, l'intégralité de mon répertoire couvre tout juste la durée d'un spectacle smiling smiley Et puis, je sais que pour certains publics, je ne suis pas capable de conter correctement (à l'heure actuelle, ça changera peut-être avec l'expérience). Si on me met des 3-4 ans devant moi, euh, les pauvres...

Et pour l'histoire improvisée, je le sens bien que c'est casse-gueule, réussir à créer et raconter une histoire intéressante dans l'instant, mais en même temps je me dis que les théâtreux y arrivent, créent des histoires cohérentes, drôles et/ou touchantes de cette façon-là, et à plusieurs à la fois en plus ! Mais peut-être que chez nous, l'obstacle le plus flagrant c'est le rythme. Il peut y avoir des temps morts au théâtre, on peut les justifier, dans les contes c'est plus délicat...

Re: Conte improvisé
Envoyé par: La conteuse du vent d'avril (Adresse IP journalisée)
Date: Fri 30 July 2010 13:46:43

Tu parles de théâtre d'improvisation, pas de théâtre en général. Au théâtre, les comédiens savent leur texte sur le bout des doigts et il n'y a aucune improvisation dans le déroulement de l'histoire.

Dans le théâtre d'impro, il y a un thème qui donne la trame, mais il y a aussi et surtout les autres... Souvent c'est un travail d'équipe et l'équipier apporte son imagination et son souffle à l'histoire improvisée.

Quand tu es seul, pour que ça devienne vraiment intéressant pour le public, tu as intérêt à être vachement fort quand même pour inventer une histoire qui dure une heure ou plein d'histoires sorties comme par magie de ton imagination fertile... winking smiley

[laconteuseduventdavril.sitew.com]

Re: Conte improvisé
Envoyé par: sacado (Adresse IP journalisée)
Date: Sun 1 August 2010 14:18:30

Hmm, intéressant ce que tu ajoutes, c'est vrai qu'au théâtre improvisé, il y a les autres qui peuvent servir à faire avancer l'histoire quand on bloque un peu. Ca m'a fait penser qu'un musicien peut être intéressant dans le contexte qui m'intéresse. Si le conteur-improvisateur a un "coup de mou", il peut interrompre le flux de sa parole et laisser le musicien improviser seul quelques instants ce qui permet au premier de retrouver son inspiration sans gêner le public par un silence impromptu.

Myriam Pellicane conte souvent avec un musicien qui improvise son accompagnement. Bon, dans son cas les trames des histoires sont connues et maîtrisées, mais le musicien et la conteuse n'ont pas forcément eu le temps ni l'occasion de répéter ensemble au préalable. Eh bien, pourtant, le résultat est tout à fait convaincant smiling smiley Le CD de son spectacle "Monstres" avec Eric Delbouys est d'ailleurs enregistré dans ces conditions, en "live". Bon, il faut aussi que je me trouve un musicien alors smiling smiley

Pour finir avec ce que tu dis, je n'envisage pas une histoire d'une heure, là ça me paraît vraiment difficile de maintenir une histoire intéressante sur une telle durée ; par contre, quelques histoires de 10 mn, c'est plus envisageable. Quant à créer une histoire intéressante sur le vif, contrairement à ce qu'on croit, ça ne demande pas vraiment une imagination fertile hors du commun. Les comédiens en théâtre d'impro font ça en permanence (la différence avec le conte est la façon de délivrer l'histoire créée) et moyennant quelques "trucs" techniques parfois assez contre-intuitifs, on se rend vite compte que c'est assez facile de créer une histoire cohérente et intéressante. La difficulté en l'occurrence est plus dans la façon de la transmettre au public... Tu m'as donné plein de pistes de réflexion quoi, merci smiling smiley

Re: Conte improvisé
Envoyé par: Ani Boquillon (Adresse IP journalisée)
Date: Mon 2 August 2010 20:17:54

Tiens, c'est curieux, ce sujet...
Il contient plusieurs sujets en un, en fait.
•• "Théâtre d'improvisation"..? Moi, je n'appelle pas ça du théâtre, sans aucunement médire de la valeur et des qualités des comédiens qui se soumettent à ce genre d'exercice: c'est très fort, comme travail, mais ça n'a pas grand-chose à voir avec le "théâtre" proprement dit... En général, c'est classé sous l'étiquette "match" plutôt que "spectacle de théâtre". On appelle ça un "spectacle" si on veut, mais c'est du "divertissement" (l' "entertainment" des Américains) plutôt que du "théâtre" au sens propre. (En plus, même si tu peux ficeler une histoire qui tient debout, ça ne va pas chercher bien haut au niveau littéraire et intellectuel, si je puis me permettre.)
•• En ce qui concerne le conte, il y a chez certains conteurs une part d'impro (puisqu'en principe nous ne faisons pas de "par coeur"), mais qui est très balisée par le conteur lui-même. En effet, un "conte", ce n'est pas n'importe quelle histoire qu'on invente comme ça... C'est quelque chose qui a été TRANSMIS depuis souvent des siècles, voire des millénaires, avec la plupart du temps une adaptation permanente au langage de l'époque où on le raconte, aux moeurs et aux pratiques de ce temps.
Tu peux improviser sur l'histoire, mais tu ne peux pas l'inventer - sinon, si "cohérente et intéressante" qu'elle puisse être, ce n'est pas un "conte" mais une forme de création (littéraire, éventuellement) dont tu peux peut-être espérer que dans une centaine d'années elle aura tellement été répétée, modifiée, déformée, assimilée, qu'elle sera passée au statut de "littérature orale", mais tu ne seras plus là pour le voir. grinning smiley
•• Par ailleurs, RIEN ne t'empêche, au cours d'un spectacle, de changer d'avis sur les contes que tu voulais raconter et d'en conter d'autres. C'est ta liberté absolue. Mais tes contes, tu les auras travaillés avant, et tu en auras tiré ce que tu pourras considérer comme leur "essence" (encore un mot à polémiques: disons "une certaine quantité d'éléments à teneur symbolique"), ce qui te permettras de les raconter QUAND tu veux et dans des occasions qui te semblent appropriées.
Ce qui peut donner au public l'impression, en effet, que tu improvises. Mais...
•• L'improvisation, c'est une pratique qui demande, comme le reste, un travail spécifique. Les comédiens de "Commedia dell'Arte" sont de grands improvisateurs - que ce soit en troupe ou en solo (plus rare) -, mais ils travaillent sur des "canevas" et donnent, eux, réellement un spectacle de théâtre, mais ça n'a rien à voir avec de l'impro "sur le tas".
C'est sous cet éclairage qu'on peut le rapprocher du travail d'impro possible dans le conte.
Je dirais que d'après ce que j'ai vu de M. Pellicane, son travail est proche de ça aussi. Mais pour moi c'est plus du "one man show" que du conte, même si elle travaille à partir de sujets de contes. Et concernant l'exemple que tu cites, c'est le musicien qui improvise, en l'occurrence... winking smiley
•• Il y a une autre proximité entre la CDA et le conte, c'est le rapport au public. Autant il est convenu dans le théâtre "conventionnel" d'ignorer le public, autant en CDA et chez les conteurs le public fait partie de l'environnement dont on ne peut pas ignorer la présence (sans public, pas de conteur... )
•• Dans une "veillée" de contes, les gens qui viennent pour conter ne savent pas forcément ce qu'ils vont raconter, ou plutôt ils ont prévu un certain nombre d'histoires qu'ils pourront éventuellement raconter, mais si ça se trouve, ils raconteront autre chose, parce que le "conteur" précédent les aura mis sur une autre "piste"... Et là tu as intérêt à avoir un bon répertoire. winking smiley
•• Enfin, je voudrais juste rappeler que le conte, c'est avant tout la transmission d'un patrimoine, d'un savoir, et que nous sommes là pour remplir cette fonction. Et il ne faut pas croire qu'on est "coincé" dans des schémas rigides, ou comme on le croit trop souvent "réac". Bien au contraire (est réac le conte conté par un conteur réac). Tu creuses, et tu trouves du sens bien au-delà des apparences. Conter est un choix, pourquoi ne pas l'assumer?
•• Après si tu veux faire du "théâtre d'improvisation", tu peux partir d'une trame de conte, mais si tu fais du théâtre avec (ou tout ce que tu veux winking smiley ), n'appelle pas ça du conte... C'est autre chose, qui a parfaitement le droit d'exister, mais le conte aussi a le droit d'exister et dans des formes qui conviennent à sa pérennité. smiling smiley A force de tout mélanger, on finit par faire de la soupe, et le public se lasse de ne pas trouver ce qu'il vient chercher. S'il veut du théâtre, il cherchera "théâtre" dans les programmes. Et il espère voir un spectacle qui répond à des critères considérés comme "théâtraux".
S'il veut un match d'improvisation, il cherchera ça.
Et s'il veut du conte, il cherchera "conte". Et s'il se trouve devant quelqu'un qui lui sert un truc où il ne se retrouve pas, il dira "c'est pas du conte" et au bout de 2 ou 3 fois, il arrêtera d'aller voir des "conteurs" parce qu'il n'aura plus confiance, alors que c'est juste un problème de VOCABULAIRE. smiling smiley


*******
Ani Boquillon * conteuse * (entre autre : détails sur demande !) tongue sticking out smiley

Re: Conte improvisé
Envoyé par: contes-et-merveilles (Adresse IP journalisée)
Date: Mon 2 August 2010 20:39:24

bravo Annie !
ta réponse est d'une très grande qualité, comme d'habitude
j'aime lire ça !

Jean-Pierre MATHIAS
conteur professionnel de Haute-Bretagne
site: [www.contes-et-merveilles.com]

Re: Conte improvisé
Envoyé par: sacado (Adresse IP journalisée)
Date: Tue 3 August 2010 02:04:09

Oui, excellente réponse très détaillée et complète. J'ai plein de trucs à dire du coup smiling smiley

Attention, l'impro ça n'est pas que le match d'impro. C'est ce qu'on voit le plus souvent en France (et au Québec), mais ça n'en est qu'une incarnation, au même titre que le théâtre traditionnel ne se limite pas au café-théâtre. Le match c'est un format où les comédiens ont tendance à enchaîner des sketchs courts, avec un rythme assez frénétique. Pas trop de place pour développer une histoire intéressante et l'on se rabat souvent sur un enchaînement de gags, de mimiques et de jeux de mots. Mais il y a d'autres formats qui mettent nettement plus l'accent sur la narration. Il y a par exemple des comédiens qui improvisent des pièces entières de 45 mn. Difficile dans ce contexte de ne pas proposer une histoire intéressante avec du suspense, des personnages attachants, une grande cohérence du début à la fin, etc. C'est quand j'ai entendu de tels comédiens parler de narration, de schéma actantiel, de schéma quinaire, de "storytelling" chez les anglophones que ça a fait tilt chez moi.

>>> un "conte", ce n'est pas n'importe quelle histoire qu'on invente comme ça... C'est quelque chose qui a été TRANSMIS depuis souvent des siècles, voire des millénaires, avec la plupart du temps une adaptation permanente au langage de l'époque où on le raconte, aux moeurs et aux pratiques de ce temps. <<<

Oui, c'est ma faute, par abus de langage je dis "conte" au lieu d'"histoire". Ce que je veux improviser ce sont bien des histoires, pas des contes polis par des siècles d'orature. Les contes traditionnels c'est important, mon modeste répertoire est basé là-dessus intégralement, mais il y a d'autres histoires plus ou moins récentes qui méritent d'être racontées, même si elles n'ont pas encore la patine des siècles. Que ce soient les nouvelles fantastiques de Poe ou celles réalistes de Maupassant que racontent certains de ce forum (pas taper, je n'ai nommé personne) ou les récits de vie que raconte notamment Marc Laberge, une histoire peut être drôle, ou surprenante, ou émouvante, ou effrayante, bref toucher le public, sans avoir des siècles d'existence et des dizaines d'auteurs successifs (d'ailleurs, il a bien fallu qu'elles soient neuves un jour pour passer les siècles smiling smiley ). Et une histoire improvisée peut avoir tout cela aussi. Je l'ai vu au théâtre, je ne l'ai pas encore vu dans le conte, mais je me dis que ça doit être possible...

>>> Il y a une autre proximité entre la CDA et le conte, c'est le rapport au public. Autant il est convenu dans le théâtre "conventionnel" d'ignorer le public, autant en CDA et chez les conteurs le public fait partie de l'environnement dont on ne peut pas ignorer la présence (sans public, pas de conteur... ) <<<

Oui, tiens, je crois que ça c'est important. En effet, dans le conte, pas de 4ème mur, le public est là et on ne peut pas faire sans lui. En impro (hors CDA donc) par contre, le mur est là, le public est "facultatif". Mais, et c'est important, le fait pour le public d'être avec des comédiens qui inventent quelque chose d'unique, qui n'a jamais été créé avant et n'existera plus jamais après, le fait que les comédiens découvrent l'histoire en même temps que le public, tout cela crée une complicité, une communion assez proche, je trouve, de ce qui se passe entre un conteur et son public. Alors que cette alchimie est totalement absente dans le théâtre traditionnel. Et je crois que c'est ça aussi qui m'intéresse. Est-ce qu'en créant, devant le public, une histoire spécialement pour lui, issue de l'instant, du lieu, du conteur et du public qui l'écoute, on ne peut pas faire naître une atmosphère unique, différente de celle qui nous unit habituellement avec nos auditeurs ?

>>> Après si tu veux faire du "théâtre d'improvisation", tu peux partir d'une trame de conte, mais si tu fais du théâtre avec (ou tout ce que tu veux), n'appelle pas ça du conte... <<<

Non, on est bien d'accord, c'est bien du conte que je veux faire, enfin, du "racontage d'histoires" quoi, faute d'un meilleur terme. Je ne veux pas faire du théâtre, je ne veux pas incarner un personnage qui raconte une histoire (je sais que certains le font, mais ça reste du théâtre justement), je veux être Sacado qui raconte une histoire de sa création spécialement pour le public qu'il a avec lui ce soir-là. Ca mérite peut-être un nom à part, bien à soi cela dit. Et être à part, dans un spectacle bien distinct et pas au milieu d'autres histoires traditionnelles comme je le suggérais dans un autre message. C'est loin d'être clair pour moi tout ça. Merci pour cette réponse, ça me donne plein de pistes de réflexion à nouveau...

Re: Conte improvisé
Envoyé par: Aziliz (Adresse IP journalisée)
Date: Sun 26 January 2014 17:45:52

Bonjour,

Je me permets de faire remonter ce sujet parce qu'il m'intéresse énormément !

Ma première interrogation suite à la lecture de vos réponses est : comment nommer alors le fait de raconter une histoire (roman, nouvelle, essai, ...) qui n'est pas à proprement parler un conte au sens "une histoire transmise oralement par delà les siècle et répétant un certain nombre de canevas, etc" (bref, ce que vous semblez entendre par conte) ? Car fondamentalement, pour moi - et il me semble l'avoir lu sur un autre sujet, mais j'en ai lu tellement que je ne me souviens plus lequel ^^' - à partir du moment où une histoire est portée au public par voix orale comme l'on fait traditionnellement pour les contes, il s'agit là également d'une racontée et donc quelque part, d'un conte, non ?

Bref, je m'interroge. Quand à l'improvisation d'histoire, racontées au public sur le vif, c'est tout à fait possible. Cela m'est d'ailleurs arrivé à deux reprises, la première fois de façon totalement impromptue et la deuxième fois de façon plus calculée. Il faut savoir que j'écris parfois de petites histoires gentillettes et que c'est principalement là dessus que j'improvise.
La première fois, avec des amis, nous avions décidé de faire une veillée "cercle des menteurs" (le principe, est de faire un cercle et chacun raconte s'il le souhaite une histoire). J'avais donc prévu de raconter pour l'occasion une des histoires que je venais d'écrire sauf que voila. Je commence ma racontée, je me laisse emporter par l'histoire et résultat : l'histoire n'a plus rien à voir avec l'histoire de base (pourtant, je n'ai eu que des commentaires positifs) et finalement, j'ai même réécrit la première histoire avec la trame improvisée...
La seconde fois, c'était en colonie de vacances, un spectacle de théâtre et tout d'un coup, la comédienne me dit "tiens, et si tu finissais par un conte ?" Etant en charge des enfants, je n'ai pas eu une seconde pour me préparer et n'ayant à l'époque dans mon répertoire aucun conte sur le thème abordé (les fées), je décidais d'improviser avec, en tête, une direction et le thème du spectacle. Finalement, cela s'est très bien passé et les adultes comme les enfants ont tous été ravis ...

Je pense donc que c'est possible à quelques conditions près : s'entraîner, tant à l'oral qu'à l'écrit, pour savoir rebondir sur les évènements de façon crédible et ne pas se retrouver comme un benet avec un héros complètement coincé sans savoir quoi faire pour relancer l'histoire (il existe de très bons jeux pour s'entraîner à ça), savoir reconnaître quand l'on fait fausse route et ne pas s'obstiner (un personnage peut très bien se rendre compte qu'il va dans la mauvaise direction et faire demi tour) et se donner, avant de commencer, quelques pistes, des directions, des envies, parce qu'il ne faut pas se leurrer, on n'improvise pas sur rien, les comédiens de l'improvisation ont leur thème, nous avons nos pistes.

[lailleurs.com]

"Parce que les contes sont fait pour

Re: Conte improvisé
Envoyé par: fabien.delorme (Adresse IP journalisée)
Date: Mon 27 January 2014 12:59:17

Aziliz Ecrivait:
-------------------------------------------------------
> Ma première interrogation suite à la lecture de
> vos réponses est : comment nommer alors le fait de
> raconter une histoire (roman, nouvelle, essai,
> ...) qui n'est pas à proprement parler un conte au
> sens "une histoire transmise oralement par delà
> les siècle et répétant un certain nombre de
> canevas, etc" (bref, ce que vous semblez entendre
> par conte) ? Car fondamentalement, pour moi - et
> il me semble l'avoir lu sur un autre sujet, mais
> j'en ai lu tellement que je ne me souviens plus
> lequel ^^' - à partir du moment où une histoire
> est portée au public par voix orale comme l'on
> fait traditionnellement pour les contes, il s'agit
> là également d'une racontée et donc quelque part,
> d'un conte, non ?

Oui, le mot "conte" est très mal défini et assez casse-figure. Quand on raconte une histoire traditionnelle transmise de bouche à oreille sans qu'on puisse en retrouver une origine écrite indéniable, c'est un conte. Après... par abus de langage, on peut parler de "conte" aussi, ou si on veut éviter de froisser les susceptibilités ou de se lancer dans un débat, on peut parler simplement d'histoire. C'est un terme qui met tout le monde d'accord.

De ce point de vue, c'est vrai que "conte improvisé" sonne un peu comme un oxymore, même si tout le monde comprendra de quoi il s'agit...


> Je pense donc que c'est possible à quelques
> conditions près : s'entraîner, tant à l'oral qu'à
> l'écrit, pour savoir rebondir sur les évènements
> de façon crédible et ne pas se retrouver comme un
> benet avec un héros complètement coincé sans
> savoir quoi faire pour relancer l'histoire (il
> existe de très bons jeux pour s'entraîner à ça),
> savoir reconnaître quand l'on fait fausse route et
> ne pas s'obstiner (un personnage peut très bien se
> rendre compte qu'il va dans la mauvaise direction
> et faire demi tour) et se donner, avant de
> commencer, quelques pistes, des directions, des
> envies, parce qu'il ne faut pas se leurrer, on
> n'improvise pas sur rien, les comédiens de
> l'improvisation ont leur thème, nous avons nos
> pistes.

Oui, c'est tout à fait possible, j'ai déjà eu l'occasion de le faire, seul ou avec d'autres conteurs. On demande au public une première et une dernière phrase, et on tisse la trame à partir de ça. C'est un exercice agréable, qui crée un lien différent avec le public (il a participé à l'histoire, nous a savonné la planche et se demande comment on va s'en sortir, et il vit avec nous la création de l'histoire) et c'est un très bon moyen de terminer certains types de spectacles.

Improvisateur, cela ne s'improvise pas (sic) et il y a effectivement des exercices à pratiquer si l'on veut pouvoir s'en sortir sans dégât.

Ce n'est pas si avant-gardiste ni "subversif" que ça en a l'air, Mike Burns (vrai conteur de tradition orale familiale, on ne peut pas lui reprocher d'avoir été "pollué" par les abus "spectaculaires" du renouveau du conte, qu'il a vu naître) pratique souvent cet exercice, depuis des décennies. C'est donc manifestement une pratique tout à fait établie dans notre art. Par contre, je ne ferais pas un spectacle entier comme ça, c'est sûr.

En relisant cette file je vois qu'Ani a une vision un peu cloisonnée des choses (le théâtre d'improvisation ne mérite pas de s'appeler théâtre, une histoire qui n'a pas subit les outrages et le polissage du temps ne mérite pas de s'appeler conte, Myriam Pellicane n'est pas une conteuse, etc.), c'est excessif je trouve, mais c'est évidemment un point de vue respectable.

Fabien Delorme
[www.fabiendelorme.fr]

Re: Conte improvisé
Envoyé par: Farfadet (Adresse IP journalisée)
Date: Thu 30 January 2014 17:35:03

L'improvisateur que je suis se sent vraiment obligé de répondre à ce sujet (je suis improvisateur avec la Licœur de Bordeaux, crée jadis par Pierre Martineau)

Je suis choqué (mais comme toujours ce "cliché" existe malheureusement encore) par les propos de Ani Boquillon dans ce débat sur l'improvisation théâtrale. je cite en vrac tout ce que j'ai noté avant d'y répondre :

" "Théâtre d'improvisation"..? Moi, je n'appelle pas ça du théâtre, sans aucunement médire de la valeur et des qualités des comédiens qui se soumettent à ce genre d'exercice: c'est très fort, comme travail, mais ça n'a pas grand-chose à voir avec le "théâtre" proprement dit... En général, c'est classé sous l'étiquette "match" plutôt que "spectacle de théâtre". On appelle ça un "spectacle" si on veut, mais c'est du "divertissement" (l' "entertainment" des Américains) plutôt que du "théâtre" au sens propre. (En plus, même si tu peux ficeler une histoire qui tient debout, ça ne va pas chercher bien haut au niveau littéraire et intellectuel, si je puis me permettre.) "

Je suis vraiment choqué. C'est méconnaître totalement la démarche artistique du concept de " Théâtre d’Improvisation " , méconnaître et (presque je ne veux fâcher personne) insulté le travail de Robert Gravel à la LNI depuis 1977, de Pierre Martineau et d'autres en France, en Belgique, Suisse depuis ...

Je joue avec des gens qui sont professionnels de l'Improvisation Théâtrale, autant qu'avec des amateurs, et le travail sur la qualité du jeu, de la construction d'histoires et des émotions est majeure, et ici souvent gage de qualité. Au point que souvent, quelque soit le format développé (pièces improvisées : deus ex machinade 45 minutes x 2 ; ou 7 à suivre pour une série improvisée : 7 à suivre. Ou match avec parfois des impros de 20 min) les spectateurs ne peuvent que difficilement distingué dans la qualité du Théâtre développé quelle différence existe en Théâtre à Texte et Théâtre d'Improvisation.

Je pratique autant du " Théâtre à Texte " que du " Théâtre d'Improvisation ", mais je suis toujours outrée que certains sans connaissance de ces displinines pense que L'Improvisation Théâtrale n'est pas du Théâtre.

Je lis : " ne va pas chercher bien haut au niveau littéraire et intellectuel, si je puis me permettre ", et ça me peine. Il faut ne pas avoir beaucoup vu de représentations de Théâtre d'Improvisation pour dire ça...

Personnellement j'ai vu et jouer des improvisations à la manière du théâtre de Tchekhov, à la manière de Molière, de Ionesco (presque mes préférés ^^ ) à la manière du cinéma d'Audiard, et c'était souvent des improvisations de 5 à 20 minutes touchantes, drôles, profondes, au moins aussi belles que des prestations issus du Théâtre à texte. J'ai joué une 7 à suivre (format d'une série de 7 épisodes de 10 minutes totalement improvisés le même soir) qui a permis de construire un histoire autour de personnages intéressants, drôles et profonds, plus que digne de l’appellation de spectacle de "Théâtre".

OUI le Théâtre d'improvisation c'est du Théâtre ! Désolé si mes propos parraissent aggressifs, ce n'est pas mon intention bien sur, j'étais simplement très peiné de retrouver cet déconsidération, ce propos cliché, dans les mots d'une conteuse à ce propos, alors que tout conteur se rend bien compte dans le même temps des raccourcis et clichés qui existent à propos du Conte.

Je joins des liens de belles prestations improvisés et un site (impro Bretagne) qui permettront peut-être de dépasser ces clichés pour reconsidérer l'Improvisation Théâtre et aussi le format Match d'Improvisation théâtrale comme ce qu'ils sont quand bien joué, à savoir du THEATRE !

Un conteur et improvisateur peiné

Sur le site impro bretagne un article développe comment improviser des contés :

[impro-bretagne.blogspot.fr]

liens youtube :

Histoire de pêche à la manière d'Ernest Hemingway :

[www.youtube.com]

Le pays imaginaire (Impro à la manière de Jules Verne) :

[www.youtube.com]

Romance particulière (accompagnement musical) :

[www.youtube.com]

Voyage au fond de rien très belle impro :

[www.youtube.com]

Et puis l'Encyclopédie que je met en forme en ce moment sur la discipline :

[improvisationtheatrale.jimdo.com]




Farfadet malicieux, fac



Modifié 1 fois. Dernière modification le 30/01/14 17:53 par Farfadet.

Re: Conte improvisé
Envoyé par: fabien.delorme (Adresse IP journalisée)
Date: Thu 30 January 2014 21:29:27

Oui, je suis bien d'accord avec toi Farfadet. Ani fait preuve de pas mal de mépris pour une forme artistique qu'elle ne connaît manifestement pas. C'est d'autant plus dommage de la part d'une conteuse qui a déjà du entendre que le conte, ce n'est pas vraiment un art, pas un métier, moins bien que le théâtre, etc.

C'est dommage, et ça ne lui ressemble pas trop. Ses interventions sont habituellement beaucoup plus modérées, pertinentes et argumentées (même si je ne partage pas du tout son avis sur le travail de Myriam Pellicane).

Fabien Delorme
[www.fabiendelorme.fr]

Re: Conte improvisé
Envoyé par: Farfadet (Adresse IP journalisée)
Date: Sat 1 February 2014 18:19:08

Après je reconnais ne pas vouloir du tout "affronter" Ani mais bien lui apporter des éléments pour reconsidérer la chose smiling smiley

Au plaisir de vous lire, un mal pour un bien celà aura au moins permis (pour ma part ) d'essayer de rétablir la réputation d'une discipline théâtrale qui le mérite vraiment smiling smiley




Farfadet malicieux, fac

Re: Conte improvisé
Envoyé par: fabien.delorme (Adresse IP journalisée)
Date: Thu 6 February 2014 23:22:28

À propos de spectacle de contes 100% improvisé, pour revenir à la thématique initiale, il y a "la taverne Münchausen" :

"Le Baron Münchausen était un mythomane notoire, au 18ème siècle, connu pour ses récits fantasques lors de soirées dans le grand monde. L’idée est donc de réunir autour d’une table des personnages capables de conter des exploits à partir d’un thème tiré au hasard, sous l’oeil d’un ecclésiastique faisant office d’arbitre et de maître de jeu.

Les autres mythomanes autour de la table sont là pour conter ou enrichir son histoire.

Chaque histoire est récompensée par des pièces d’or, en plus de celles gagnées pendant chaque conte. Le vainqueur et celui qui a le mieux captivé l’auditoire, et qui possède le plus de pièces d’or."

[www.femmesabarbe.com]

Certes, il y a un peu de théâtralité dans ces spectacles, mais quelle affiche ! Jeanne Ferron, Pépito Matéo, Didier Kowarsky, Yannick Jaulin...

Il y avait aussi des concours de menteries il y a quelques années, mais je ne sais pas si ça se fait encore.

Fabien Delorme
[www.fabiendelorme.fr]

Re: Conte improvisé
Envoyé par: contes-et-merveilles (Adresse IP journalisée)
Date: Thu 6 February 2014 23:24:43

prochaine "joute de contes" : 1er mars, Saint-Malo, dans le cadre des "gallèseries"

Jean-Pierre MATHIAS
conteur professionnel de Haute-Bretagne
site: [www.contes-et-merveilles.com]

Re: Conte improvisé
Envoyé par: manuella yapas (Adresse IP journalisée)
Date: Fri 7 February 2014 00:10:29

@Sacado : J'avais vu des photos de "la taverne Münchausen" il y a quelques mois sur un réseau social bien connu, elles donnaient sacrément envie d'assister à une soirée de total délire avec tous ce fous savamment costumés. Malheureusement, les meilleures choses sont toujours trop loin.

@Jean-Pierre : comme je viens de le dire, les meilleures choses sont toujours trop loin. Un jour, j'espère...

www.ludicontes.wixsite.com/ludicontes

Re: Conte improvisé
Envoyé par: pipad (Adresse IP journalisée)
Date: Fri 7 February 2014 12:36:56

allez j'y vais de mon petit commentaire....

j'ai moi-même pratiqué le théatre d'improvisation pendant plus de 10 ans, et c'est par l'impro que je me suis interessé au conte.

L'impro demande énormement de travail et souvent les troupes font appel à d'autres formes artistiques pour progresser. C'est ainsi, que j'ai découvert l'univers du conte, par la venue d'une conteuse lors de nos séances de travail hebdomadaires, venue nous faire progresser sur la construction d'histoire et la trame narrative.

Et j'avoue que c'est à cette occasion que j'ai découvert que le conte n'etait pas que pour les enfants et qu'il n'y avait pas que des histoires de pauvres filles qui rêvent de devenir princesses...( les clichés ont la vie dure pour le conte comme pour l'impro).

Ce qui me frustre avec l'impro mais qui en fait aussi sa force c'est la fugacité des impros... ce qui fait que parfois le lendemain d'un spectacle je n'avais plus aucun souvenir des histoires jouées la veille... Aujourd'hui, je dois me souvenir d'une poignée d'impros mais qui m'ont plus marquées par le moment partagé sur scène que par la trame de l'histoire en elle-même.

Finalement j'ai trouvé mon bonheur dans le conte : on garde une trame d'histoire mais on l'on peut tout se permettre autour de cette trame comme on le fait en impro. Aussi lorsque je travaille un conte, je fais en sorte de n'en retenir que la trame narrative, les différentes séquences, et suivant les moments, mon humeur ou le public, le conte peut prendre des couleurs et saveurs différentes grâce à l'improvisation que j'y mets autour.

Donc oui : conte et impro font bon ménage et sont deux disciplines artistiques et théâtrales à part entière n'en déplaisent aux théâtreux classiques....

Et puis l'avantage de l'oral ce qu'on ne fait une faute d'orthographe par mot... désolé !

Re: Conte improvisé
Envoyé par: Ezekiel R (Adresse IP journalisée)
Date: Wed 1 April 2015 18:59:26

Bonjour ! Je trouve que l’improvisation apporte une touche personnelle à une histoire. Sur le portail pour enfants [blog.badabim.fr], il y a des idées intéressantes pour personnaliser des contes populaires. J’ai déjà essayé avec quelques légendes comme celles d’Ulysse : [www.mythologie.ca], que je raconte à mes petits. Si le cinéma utilise cette méthode avec des films comme Hansel &Gretel: Witch Hunters(senscritique.com), pourquoi pas nous ?

Re: Conte improvisé
Envoyé par: (Adresse IP journalisée)
Date: Wed 1 April 2015 21:43:18

Bonjour, intéressant débat ! Je dirai deux choses :
en connaissant les trames et fonctionnements des contes merveilleux, le héros, les évènements et tout le tralala, on doit pouvoir aisément en inventer d'autres, pourquoi pas sur le pouce et au débotté, une histoire éphémère, et alors ? (c'est ce qu'on fait en atelier d'écriture de contes, non ? En plus travaillé, certes, mais on invente)
deuxièmement : vous avez envie d'essayer ? Allez y et régalez-vous.
(j'improvise beaucoup dans mes histoires, et c'est là que je me régale, mais je ne suis qu'une raconteuse...)

Re: Conte improvisé
Envoyé par: philsizaire (Adresse IP journalisée)
Date: Mon 2 May 2016 13:18:48

Bonjour ...
Je suis un peu lassé de certaines réflexions, et de l'énergie perdue dans ces débats.
"Et s'il veut du conte [le public], il cherchera "conte". Et s'il se trouve devant quelqu'un qui lui sert un truc où il ne se retrouve pas, il dira "c'est pas du conte" "
Si je peux me permettre ... c'est une remarque de conteur (de conteuse, ici).
J'aime jouer / conter pour des publics qui ne connaissent pas le conte ...
Des publics qui juste reçoivent.
Aiment.
Sans se poser cette question : "c'est du conte". Ce "du" aussi, c'est du camembert, c'est du conte ...
Ma question est : est-ce que c'est bon ?
Est-ce que j'aime ?
Est-ce que c'est juste ?
Est-ce que ça me touche ?
Le "conte" va de la fable au mythe, de l'épopée à la blague.
Dans certaines culture sil est très ritualisé.
Dans d'autres très libre.
Je doute que les esclaves noirs-américains qui ont transformé les contes d'Europe et d'Afrique, les ont raconté pendant deux ou trois siècles, et surtout s'en sont servi pour trouver une liberté intérieure préalable à la libération physique, se soient posé la question en transformant les récits "est-ce que ce que je fais de cette histoire, c'est du conte ?"
Pour moi c'est typiquement une discussion "de salon".
Faisons vivre le conte, librement.
Respectons-le, mais je ne sais plus qui disait : "il faut se faire d'un conte l'idée fausse qui nous est vraie."




Modifié 1 fois. Dernière modification le 02/05/16 13:19 par philsizaire.

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